Nous pour un moment / Moi proche

Dans ses drames, Lygre fait advenir un théâtre de personnes, au sens où Ulysse répondait « je suis personne » au Cyclope. Singulièrement anonyme, son personnel dramatique se prête à de multiples visages et jeux de rôles. Si dans Nous pour un moment, une personne explore différentes relations avec un.e connaissance, un.e ami.e, un.e inconnu.e et un.e ennemi.e dans un glissement constant de l’identité et du genre, c’est de sa propre solitude dont Elle fait l’expérience dans Moi proche, à travers sa quête d’une nouvelle relation amoureuse. Lygre explore le terrain d’un réel qui se forme hors de nous, comme à notre insu, à la manière de projections dans d’autres vies ou de confrontation à des souvenirs qui nous hantent, pour conjurer la disparition, la perte d’êtres chers ou d’inconnu.e.s incidemment croisé.e.s dans la rue. C’est toute la porosité d’un moi qui ne peut se construire sans l’autre qu’il dépeint, dans l’expérience constante de la fragilité du lien qui nous re-lie et de la jouissance à habiter d’autres vies que la nôtre.