Equatoria

C’est le journal d’une traversée du continent africain à la hauteur de l’Équateur, depuis les îles autrefois portugaises de São Tomé et Principe, dans l’Atlantique, jusqu’à Zanzibar dans l’Océan Indien. Le prétexte, le point de départ, c’est le transfert controversé des dépouilles de Savorgnan de Brazza et de sa famille, d’Alger où elles reposaient depuis le début du XXe siècle jusqu’à Brazzaville où on leur édifie un mausolée. Chemin faisant, Patrick Deville croise nombre de figures pittoresques, revisite l’histoire de l’exploration, de la colonisation, de la Guerre froide, brosse les portraits de quelques personnages hors du commun (Albert Schweitzer, Stanley et Livingstone, Brazza, l’aventurier autrichien Emin Pacha, qui administra l’Equatoria soudanaise pour le compte lointain du khédive d’Égypte, Tippu Tip, trafiquant d’esclaves de Zanzibar qui devint sultan au cœur de l’Afrique puis gouverneur au service du roi Léopold II, Jonas Savimbi, le Che et sa désastreuse équipée africaine…), évoque Conrad (Le Cœur des ténèbres, bien sûr), Céline (Voyage au bout de la nuit) et Jules Verne (Cinq semaines en ballon). C’est un voyageur érudit, curieux, pas pressé, attentif à l’incongru comme à la beauté des choses. Patrick Deville a l’intention d’écrire une sorte de trilogie. Après Pura Vida (voyage à travers l’Amérique centrale) et Equatoria, le troisième livre, à venir, sera consacré à l’Asie du Sud-Est (Thaïlande, Laos, Cambodge, Vietnam) autour de l’événement prétexte du procès des Khmers rouges. Ainsi serait bouclé l’aventureux projet d’un tour du monde de l’écriture.